HISTOIRE ATACAMÈNE : L'apogée culturelle atacamène (1 000 av JC - 400 ap JC)
Le désert d'Atacama est une région magnifique truffée de paysages à couper le souffle, mais ce que le voyageur en quête de belles images ignore souvent, c'est que ce désert est aussi le lieu où s'est développé le peuple Atacamène. Bien avant l'arrivée des conquistadores espagnols, l'histoire de ses habitants s'est jouée dans les canyons et les oasis qui accueillent aujourd'hui les touristes venus du monde entier.
Dans la même série, nous vous invitons à lire les articles suivants :
- Histoire Atacamène : prélude
- Histoire Atacamène : les premiers chasseurs - cueilleurs (10 000 - 5 000 av JC)
- Histoire Atacamène : les précurseurs de la culture atacamène (5 000 - 1 000 av JC)
Après avoir domestiqué les camélidés sauvages, les hommes du désert d'Atacama vont apprendre à domestiquer les plantes. Aux alentours de 1 000 av JC, profitant des deltas formés par les petites rivières, les Atacamènes vont s'installer dans les oasis à proximité du salar pour cultiver les plantes importées des contrées voisines avec lesquelles ils sont en contact grâce au trafic des caravanes de lamas.
La sédentarisation dans les oasis
Ne maitrisant pas encore les techniques d'irrigations, les atacamènes vont profiter des endroits où les rivières s'étalent et inondent des parcelles entières pour installer leurs premiers villages permanents : par exemple Tulor et Calar dont les ruines sont toujours visibles.
Les maisons sont construites en adobe (un mélange de terre argileuse, de paille et d'eau), surmontée de poutres de bois faites pour supporter le toit fait de branchages et de terre. Ces habitations sont circulaires et reliées entre elles par des greniers ou des couloirs. Les villages sont généralement entourés d'un mur périmétral pour protéger les constructions du vent et du sable.
www.precolombino.cl - détail des ruines du village de Tulor
A cette période, le commerce sous forme de troc et les échanges avec les voisins - principalement les peuples de la côte chilienne, ceux de Bolivie et d'Argentine actuelle - continue à se développer et les oasis du salar deviennent des étapes incontournables du troc dans la région et du principe de complémentarité andin*.
*Un peuple ne peut pas produire tout ce dont il a besoin selon les caractéristiques climatiques ou géologiques de son territoire. Les peuples des Andes Centrales sont complémentaires puisqu'ils peuvent compter sur leurs voisins pour échanger avec eux et obtenir ainsi toutes les ressources qui leurs sont nécessaires.
Les Atacamènes exportaient ainsi leurs surplus de production, mais importaient également des ressources. C'est ainsi qu'on été retrouvés dans les ruines de Tulor, des arrêtes de poissons marins et des fragments de coquillages.
www.precolombino.cl - illustration d'une scène de troc à San Pedro de Atacama
La production atacamène à cette période se concentre autour de la production alimentaire :
- l'élevage de lamas,
- l'agriculture (le maïs, les pommes de terre, les courges entre autre),
- la cueillette des fruits des arbres locaux (caroubiers et chañars)
- la chasse (avifaune, rongeurs, etc…)
mais aussi de la production d'objets manufacturés pour des finalités domestiques ou rituelles comme les récipents de terre cuite, les outils de bois ou de pierre, les textiles en laine de lama, ou encore la vannerie en fibres végétales.
www.precolombino.cl - illustration d'une scène de vie dans l'aldea de Tulor
C'est à cette période que le peuple atacamène va commencer à développer une iconographie et un artisanat original qui sert encore aujourd'hui de patron pour déterminer le "style atacamène".
www.precolombino.cl - exemplaires de la céramique emblématique atacamène, noire et rouge polie
L'exploitation minière, qui jusqu'alors avait été surtout pratiquée pour la production de pigments et de parures en pierres semi-précieuses issues du cuivre (malachite, turquoise), va s'orientée petit à petit vers l'extraction des métaux. Le cuivre, l'or et l'argent ainsi extraits sont troqués ou transformés sur place en outils.
www.precolombino - illustration de la fabrication des haches T en cuivre, symbole de pouvoir des seigneurs atacamènes
Au début de notre ère, la modification du cours des rivières va pousser les atacamènes à abandonner leurs premiers villages et à développer de nouvelles techniques pour s'installer dans les oasis environnantes.
A suivre...