HISTOIRE ATACAMÈNE : Les précurseurs de la culture atacamène (5 000 - 1 000 av JC)
Le désert d'Atacama est une région magnifique truffée de paysages à couper le souffle, mais ce que le voyageur en quête de belles images ignore souvent, c'est que ce désert est aussi le lieu où s'est développé le peuple Atacamène. Bien avant l'arrivée des conquistadores espagnols, l'histoire de ses habitants s'est jouée dans les canyons et les oasis qui accueillent aujourd'hui les touristes venus du monde entier.
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Histoire atacamène : les premiers chasseurs - ceuilleurs (10 000 - 5 000 av JC)
Après 5 millénaires passés à parcourir les alentours du Salar d'Atacama et la zone de l'Alto Loa pour survivre, les premiers habitants connaissent à présent parfaitement leur territoire. A partir de 5 000 av JC, leur mode de vie va peu à peu changer et les bouleversements que ces hommes vont initier vont donner naissance à ce que l'on nomme aujourd'hui la culture San Pedro ou atacameña : ce sont les précurseurs de la culture atacamène.
Le territoire atacamène
Ce que l'on nomme "territoire atacamène" est en fait composé de deux parties distinctes : le bassin du Salar d'Atacama (ou Atacama la Grande) et le haut du fleuve Loa (Alto Loa ou Atacama la Chica).
Ce territoire est également divisé selon ses caractéristiques géologiques et écologiques : les étages écologiques sont au nombre de 4 et sont définis selon leur altitude, leur faune et leur flore.
1. Le salar d'Atacama
- altitude : entre 2 400 et 2 450 mètres au dessus du niveau de la mer
- faune : artemis, flamants, caitis, rongeurs, lézards, etc...
- flore : plantes halophytes, bréa, grama salada, etc...
2. Les oasis ou les "plages" du salar
- altitude : entre 2 500 et 2 550 mètres au dessus du niveau de la mer
- faune : rongeurs, renards, moineaux, lézards, etc...
- flore : chañars, caroubiers, cachiyuyos, breas, etc...
3. Les quebradas ou le versant de la cordillères des Andes
- altitude : entre 2 600 et 4 000 mètres au dessus du niveau de la mer
- faune : rongeurs, renards, moineaux, lézards, guanacos, etc...
- flore : arbustes de type tolar, cactus, etc...
4. La puna
- altitude : entre 4 000 et 5 000 mètres au dessus du niveau de la mer
- faune : Suri, perdrix, renards, moineaux, lézards, vigognes, etc...
- flore : LLareta, paja brava, etc...
Semi-sédentarisation et développement culturel
Forts des connaissances acquises au cours des millénaires passés à parcourir leur territoire, les habitants de la région vont peu à peu se semi-sédentariser : en effet, ils ne vont à présent plus être nomades, mais vont pratiquer la transhumance. Ils vont donc se déplacer en fonction des saisons, en suivant des routes connues, de la Puna jusqu'au bord du salar pour profiter de toutes les ressources disponibles.
Ils passeront donc leurs étés en altitude pour chasser les vigognes, mais aussi pour collecter l'obsidienne (roche vitreuse volcanique particulièrement utile pour la confection d'outils) et la llareta (plante utilisée pour faire du feu).
Ils passeront les hivers dans les canyons à proximité des bords du salar où ils pourront collecter les fruits des caroubiers et des chañars tout en profitant de températures plus clémentes qu'en altitude.
Pour ce faire, ils vont construire des campements provisoires ou saisonniers dans les différents lieux qu'ils occuperont.
www.iiam.cl - campements provisoires circulaires fait d'une base de pierres, d'une structure en bois, de parois en cuir de camélidé, le tout surmonté d'un toit de paille
Sur les différents sites occupés durant cette période, notamment Tambillo et Tulan, aux abords du Salar, les archéologues ont découvert de nombreuses traces de développement culturel : des plaques gravées (que l'on suppose être liées à des activités rituelles), des récipients en fibres végétales tressées ou en terre séchée, des lieux dédiés à une pratique cultuelle, les traces des premiers rites funéraires et des preuves d'échanges à longue distance (objets en or et plantes exogènes, c'est à dire étrangers au territoire atacamène).
La domestication des camélidés
C'est dans les vestiges de l'un des sites occupés à cette période, Puripica, que les scientifiques ont trouvé les traces du processus atacamène de domestication des camélidés.
A partir de 2 500 av JC, les hommes vont capturer les camélidés sauvages qui les entourent, vigognes et guanacos, pour en commencer l'élevage. A force de sélections et de modifications de leurs comportements naturels les camélidés vont muter. Le lama, camélidé domestique emblématique des Andes, va apparaitre quelques siècles avant notre ère.
Plus grand, plus gros, plus fort et plus laineux, le lama, apporte les mêmes ressources que ces ancêtres mais en plus grande quantité. L'utilisation de ces ressources se diversifie, la laine est maintenant tissée pour réaliser des textiles et les excréments séchés servent pour faire du feu.
Autre atout du lama, et pas des moindre, au contraire des guanacos et des vigognes, il peut porter des charges allant jusqu'à 40 kilos.
Le nouveau moyen de transport que représente le lama, va permettre aux habitants de la région d'intensifier leurs échanges avec les populations voisines. Marchant aux côtés de leurs lamas chargés des ressources locales, ils vont mener leurs caravanes au delà du désert qui les sépare de la côte et au delà des sommets de la cordillères des Andes pour échanger des ressources alimentaires, des biens culturels, mais aussi des techniques et des idées. C'est d'ailleurs très certainement au cours d'un de ces échanges que les atacamènes vont apprendre la domestication des plantes.
A suivre...