HISTOIRE ATACAMÈNE : Les précurseurs de la culture atacamène (5 000 - 1 000 av JC)

Publié le par Emilie

 

Le désert d'Atacama est une région magnifique truffée de paysages à couper le souffle, mais ce que le voyageur en quête de belles images ignore souvent, c'est que ce désert est aussi le lieu où s'est développé le peuple Atacamène. Bien avant l'arrivée des conquistadores espagnols, l'histoire de ses habitants s'est jouée dans les canyons et les oasis qui accueillent aujourd'hui les touristes venus du monde entier.

 

Dans la même série, nous vous invitons à lire les articles suivants :

Histoire atacamène : prélude

Histoire atacamène : les premiers chasseurs - ceuilleurs (10 000 - 5 000 av JC)

 

Après 5 millénaires passés à parcourir les alentours du Salar d'Atacama et la zone de l'Alto Loa pour survivre, les premiers habitants connaissent à présent parfaitement leur territoire. A partir de 5 000 av JC, leur mode de vie va peu à peu changer et les bouleversements que ces hommes vont initier vont donner naissance à ce que l'on nomme aujourd'hui la culture San Pedro ou atacameña : ce sont les précurseurs de la culture atacamène.

Le territoire atacamène

Ce que l'on nomme "territoire atacamène" est en fait composé de deux parties distinctes : le bassin du Salar d'Atacama (ou Atacama la Grande) et le haut du fleuve Loa (Alto Loa ou Atacama la Chica).

Carte du territoire atacamène

Carte du territoire atacamène

Ce territoire est également divisé selon ses caractéristiques géologiques et écologiques : les étages écologiques sont au nombre de 4 et sont définis selon leur altitude, leur faune et leur flore.

 

1. Le salar d'Atacama

- altitude : entre 2 400 et 2 450 mètres au dessus du niveau de la mer

- faune : artemis, flamants, caitis, rongeurs, lézards, etc...

- flore : plantes halophytes, bréa, grama salada, etc...

 

2. Les oasis ou les "plages" du salar

altitude : entre 2 500 et 2 550 mètres au dessus du niveau de la mer

faune : rongeurs, renards, moineaux, lézards, etc...

flore : chañars, caroubiers, cachiyuyos, breas, etc...

 

3. Les quebradas ou le versant de la cordillères des Andes

altitude : entre 2 600 et 4 000 mètres au dessus du niveau de la mer

faune : rongeurs, renards, moineaux, lézards, guanacos, etc...

flore : arbustes de type tolar, cactus, etc...

 

4. La puna

altitude : entre 4 000 et 5 000 mètres au dessus du niveau de la mer

faune : Suri, perdrix, renards, moineaux, lézards, vigognes, etc...

flore : LLareta, paja brava, etc...

www.iiam.cl - les étages écologiques du territoire atacamène

www.iiam.cl - les étages écologiques du territoire atacamène

Semi-sédentarisation et développement culturel

Forts des connaissances acquises au cours des millénaires passés à parcourir leur territoire, les habitants de la région vont peu à peu se semi-sédentariser : en effet, ils ne vont à présent plus être nomades, mais vont pratiquer la transhumance. Ils vont donc se déplacer en fonction des saisons, en suivant des routes connues, de la Puna jusqu'au bord du salar pour profiter de toutes les ressources disponibles.

Ils passeront donc leurs étés en altitude pour chasser les vigognes, mais aussi pour collecter l'obsidienne (roche vitreuse volcanique particulièrement utile pour la confection d'outils) et la llareta (plante utilisée pour faire du feu).

Ils passeront les hivers dans les canyons à proximité des bords du salar où ils pourront collecter les fruits des caroubiers et des chañars tout en profitant de températures plus clémentes qu'en altitude.

 

Pour ce faire, ils vont construire des campements provisoires ou saisonniers dans les différents lieux qu'ils occuperont.

www.iiam.cl - campements provisoires circulaires fait d'une base de pierres, d'une structure en bois, de parois en cuir de camélidé, le tout surmonté d'un toit de paille

www.iiam.cl - campements provisoires circulaires fait d'une base de pierres, d'une structure en bois, de parois en cuir de camélidé, le tout surmonté d'un toit de paille

Sur les différents sites occupés durant cette période, notamment Tambillo et Tulan, aux abords du Salar, les archéologues ont découvert de nombreuses traces de développement culturel : des plaques gravées (que l'on suppose être liées à des activités rituelles), des récipients en fibres végétales tressées ou en terre séchée, des lieux dédiés à une pratique cultuelle, les traces des premiers rites funéraires et des preuves d'échanges à longue distance (objets en or et plantes exogènes, c'est à dire étrangers au territoire atacamène).

 

 

La domestication des camélidés

C'est dans les vestiges de l'un des sites occupés à cette période, Puripica, que les scientifiques ont trouvé les traces du processus atacamène de domestication des camélidés.

A partir de 2 500 av JC, les hommes vont capturer les camélidés sauvages qui les entourent, vigognes et guanacos, pour en commencer l'élevage. A force de sélections et de modifications de leurs comportements naturels les camélidés vont muter. Le lama, camélidé domestique emblématique des Andes, va apparaitre quelques siècles avant notre ère.

Art rupestre de la quebrada de San Lorenzo

Art rupestre de la quebrada de San Lorenzo

Plus grand, plus gros, plus fort et plus laineux, le lama, apporte les mêmes ressources que ces ancêtres mais en plus grande quantité. L'utilisation de ces ressources se diversifie, la laine est maintenant tissée pour réaliser des textiles et les excréments séchés servent pour faire du feu.

Autre atout du lama, et pas des moindre, au contraire des guanacos et des vigognes, il peut porter des charges allant jusqu'à 40 kilos.

 

Le nouveau moyen de transport que représente le lama, va permettre aux habitants de la région d'intensifier leurs échanges avec les populations voisines. Marchant aux côtés de leurs lamas chargés des ressources locales, ils vont mener leurs caravanes au delà du désert qui les sépare de la côte et au delà des sommets de la cordillères des Andes pour échanger  des ressources alimentaires, des biens culturels, mais aussi des techniques et des idées. C'est d'ailleurs très certainement au cours d'un de ces échanges que les atacamènes vont apprendre la domestication des plantes.

 

A suivre...

www.culturalickanantay.cl - Illustration d'une caravane de lamas extraite de "Los Antiguos Habitantes del Salar de Atacama" de Augustin Llagostera

www.culturalickanantay.cl - Illustration d'une caravane de lamas extraite de "Los Antiguos Habitantes del Salar de Atacama" de Augustin Llagostera

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